Cimetière autos
Alors voilà, un verre en terrasse avec mon pote, un mot puis un autre et ça se gâte, voilà que j’ai eu la bonne idée de lui parler d’un cimetière voiture que je vais visiter. Et comme lui comme moi, même s’il prétend le contraire, sommes fort dans immédiateté et aimons l’imprévu…
J’en connais un, me dit il !
Ok !! On y va quand ?
Maintenant !
Go, je reviens je vais chercher mon boitier !(2mn27 plus tard)
Ha t’es déjà là ?!
Ouaiiii ! 😀
Sinon, nous sommes tellement différents…
Nous voilà partis quelque part en Ardèche. Quelque part car je suis engagée à garder cet endroit secret.
Alors sur les réseaux sociaux, on m’a déjà taclée car je ne divulgue pas les lieux bien souvent… Que ces personnes se demandent juste pourquoi et écoutent ce que disent les autochtones : « si c’est pour que les touristes viennent par groupe de 70, s’installent sur notre terrasse et nous laissent leur sac poubelle, non merci ». La messe est dite de toute évidence et de toute manière ma règle de vie fondamentale : je fais ce que je veux et divulgue ainsi ce que je veux et à qui je veux.
Voilà que mon copain me dévoile fièrement ce cimetière de voitures, de camionnettes, de dépanneuses, de moteurs, d’outils, de machines et de machins… Il sait comment me faire plaisir, il me pourrie gâte et je suis comme une gosse. Il m’indique les marques des voitures, les modèles, les années et j’oublie au fur et à mesure, je retiens juste que c’est beau, que celle là est une américaine, que c’est incarné, chargé de passé, usé, mais quelque part fort et entier. L’heure est exquise et je m’extasie à chaque déclenchement tant la lumière et l’environnement me séduisent.
Nous arrivons ainsi chez le neveu du propriétaire et ma surprise ne s’arrête pas là et fera l’objet d’un autre sujet : visite d’une ruine en cours de rénovation… de 1398.
Puis le propriétaire nous offre toute sa générosité : des explications au sujet de cette ruine, les différentes périodes de construction… Chacun y va de ses explications. Un régal. Et puis il y a aussi son regard clair cerclé par l’âge, sa posture pour le moins locale, ses mains marquées par la vie et le travail, sa bonté, sa gentillesse, un monde à part où le temps est suspendu. Le calme est de rigueur, les expressions sont anachroniques, les figues coulent à flot. Un trou est creusé au Bobcat pour le chien, trop âgé, demain ce sera le grand voyage, tout naturellement. On est bien, mais la nuit commence déjà à tomber…
La journée se termine par la pépite : une ford de 1971 (Ford blablabla bien sûr). Ce neveu, de l’âge de la voiture, descendait jadis au village d’à côté, à l’arrière de cette voiture, le week end, histoire de vivre quelques moments animés, lui qui occupait alors une classe unique d’école avec trois élèves…
Il fait bon vivre en Ardèche secrète…