Marseille par le nord

Marseille, on l’aime ou on ne l’aime pas.

Je l’aime.

Marseille, c’est bien sûr sa mixité, le quartier de la Noailles, à droite de la Canebière. J’aime m’y perdre, respirer l’ambiance exotique, acheter mes épices, mon café traditionnel turc, mes dattes et autres figues. La frontière de la Noailles c’est aussi le cours Julien et ses innombrables fresques. Flâner, contempler, scruter, arpenter des centaines de mètres de peintures aussi superbes les unes que les autres, mesurer le potentiel artistique dormant ou émergeant, surprendre un vieillard en train d’écrire sur les murs, des plus jeunes graffer sous le regard de tous, encouragés par les hypers locaux.

Sillonner le bord de mer à rollers jusqu’au skate park du Prado, vers Pointe rouge. Croiser des tous petits en mode « tout schuss », parfaitement inconscients de leur environnement, des petits jeunes aux possibilités prometteuses, des familles, des couples, des joggeurs, un groupe de salsa, un homme, une femme… Un espace de bien-être au grand air.

Mon attention se porte aussi sur les sonnettes, les interphones et boites aux lettres en laiton (?), les portes, les portails en fer forgé…

Et quand on baisse les yeux, et que la nuit tombe, c’est un autre spectacle qui s’offre à nous : celui de la misère, sur matelas ou à même le sol, celui des roms avec enfants qui dorment sur les jambes de leur mère alors qu’elle fait la manche, pendant que l’hôtel de police illumine la rue avec insolence et que les promoteurs investissent pour vendre du Airbnb. Ceci au détriment des marseillais qui n’ont plus les moyens de se loger… Une manif aujourd’hui traitait de cette problématique d’ailleurs.

Et puis dimanche, c’est le marché aux puces. Un des quartiers chauds de Marseille. En premier lieu, les abords. Ce jour, je dois pouvoir compter deux femmes, françaises, cheveux lâchés. Je suis la deuxième. Et avec ma tignasse cuivrée, autant dire que je brille de mille feux. C’est raté pour l’immersion. Je ne suis pas la bienvenue, c’est évident, ces hommes ne m’aiment pas. Chaque regard est sombre, fermé, sérieux, douteux, suspicieux, accusateur, aucun sourire sur aucun visage, pas un seul.

Avec toute ma candeur, je hume l’espace, mes yeux n’ont pas de point de chute tant le lieu est chargé de choses à voir, à constater, à observer. En mode : sortie découverte labrador.

Mais ma crédulité me quitte ; il est préférable que je range mon boitier dans un sac, puis range ce sac dans un autre sac. Entre stand de fortune et décharge, de tout et de rien est à vendre, surtout de rien, pour glaner un malheureux euro. Parfois deux. Je peine à distinguer où commencent les ordures et finissent les stands. Tous « les vendeurs » semblent à la gorge et ce sont des kilomètres de gens dans une détresse qui interrogent fort. Tous d’Afrique du nord, bon nombre porte une tache foncée sur le front, non, ces mecs ne déconnent pas. Alors que mon ami sort son téléphone pour photographier un mur, un homme s’insurge et marque clairement son désaccord à toute prise de vue.

C’est aussi un endroit où la police s’aventure fébrilement et ne verbalise que les voitures dont la plaque affiche un autre département (nous par exemple), un endroit où des terrains vagues s’improvisent parking éphémères payants, géré pour des patibulaires. Là non plus, aucun sourire ne s’affiche.

Qu’à cela ne tienne. A terrain hostile : je reste !

Une autre partie des puces, plus « commerciale » détend l’atmosphère insécure malgré tout. Je saisis alors pleinement que nous étions vraiment dans un autre monde, une autre réalité avec des préoccupations vraiment inquiétantes. Quand je quitte cet univers sordide et grave, je me dis que pour eux, c’est leur vie, leur quotidien. Ça brasse. Il me faudra revenir.

La partie commerciale et ses marchands d’oiseaux (dans le film « bac nord » c’était des tortues. Aujourd’hui c’est des oiseaux, que des oiseaux, et des Nikes !), ses fresques gigantesques, son marché intérieur où on trouve TOUT (moteur de voiture, réparateur télé, couturière, dattes… ) et sa brocante à couper le souffle : extraordinaire ! Du flotteur de mer, aux toiles invendables qui font peur, en passant par une espèce de statue de gros minet en tenue de soldat, taille humaine, des œufs de station de ski. Ici, ce sont des centaines de mètres carrés de choses complètement folles à parfaitement ordinaires. C’est époustouflant et fort chargé… Trop.

Il est évident que je dois revenir dans ce quartier, équipée convenablement, et témoigner de ce qui existe et qu’on ne veut pas voir.

2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 002
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 003
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 004
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 005
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 011
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 013
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 015
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 016
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 017
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 018
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 019
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 020
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 021
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 023
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 024
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 025
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 027
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 030
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 035
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 037
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 038
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 039
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 040
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 041
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 042
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 043
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 044
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 046
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 047
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 048
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 049
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 050
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 051
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 052
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 053
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 054
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 056
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 058
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 063
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Rétrocolorz & Sokebana - 066
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Rétrocolorz & Sokebana - 076
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 073
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 081
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 086
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 088
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 059
previous arrow
next arrow
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 002
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 003
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 004
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 005
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 011
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 013
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 015
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 016
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 017
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 018
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 019
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 020
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 021
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 023
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 024
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 025
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 027
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 030
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 035
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 037
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 038
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 039
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 040
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 041
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 042
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 043
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 044
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 046
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 047
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 048
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 049
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 050
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 051
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 052
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 053
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 054
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 056
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 058
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 063
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Rétrocolorz & Sokebana - 066
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Rétrocolorz & Sokebana - 076
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 073
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 081
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 086
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 088
2022 11 27 - Marseille Arthur Tof - Sokebana - 059
previous arrow
next arrow