Roche Chérie
Il a bien dix ans de cela, le 25 août 2012 exactement, je couvrais un mariage en ce hameau. Un mariage touchant, celui de Muriel et Didier. Il y avait la petite Cali, une enfant à fleur de peau, le papi et sa 2CV qui l’accompagnait depuis toujours comme sa chère femme, ou le contraire. Je me souviens cet endroit. Photos primées d’ailleurs à la wpja à l’époque. Bref.
Mon partenaire me parle de la Roche Chérie à St Pons. J’affirme que l’on descend dans la chapelle, il me rétorque que l’on y monte… Ha. Mes souvenirs nébuleux imaginaient la cérémonie dans cette chapelle. En réalité ces deux lieux se distinguent bien : la très vielle église du village de St Pons d’une part et la chapelle, d’autre part. La chapelle siège au bout du monde.
La chapelle est accrochée à la Roche Chérie. Cet espace est juste magique et si singulier. On y pénètre dans le plus grand des respects et bien sûr le ton de notre voix s’efface pour faire place au chuchotement. La chapelle, semble abandonnée de tous. Mon compagnon me fait part d’un récit qu’il a reçu lors d’une précédente visite, il m’émeut : chaque jour, un homme du village voisin venait à pied prier en ce lieu. Lui seulement occupait la chapelle de la sorte visiblement. Au travers des écrits encadrés sur les murs je crois comprendre qui il venait retrouver, ou pleurer, ou raconter. Je lis effectivement les quelques phrases déposées ici comme des prières que nul ne pourra exaucer, je suis ébranlée, retournée.
Depuis que cet homme est parti à son tour, nul ne viendrait plus prier en cet espace de recueil, enfin c’est ce que l’on dit.
A quelques pas de la chapelle, le temps s’est arrêté et la mousse a comme momifié le coin pour lui donner un air d’éternité. Tout est figé et pourtant, on peut tout à fait imaginer qu’hier encore cet espace vivait. Subjuguant.
Note du 11 juin 2023 : je suis revenue prier en ce lieu, non que je sois croyante, je l’ignore en réalité, mais besoin d’exprimer, demander, déposer, pleurer. Relire ces textes, retrouver les gravures comme si elles venaient juste d’être écrites, les yeux fermés, humer l’espace, me souvenir, me laisser envahir de la paix qu’elle impose. C’est ici que je voulais déposer ma peine et mes espoirs.
La tribune 2021 12 26